Les pas de l'ombre (Le temps qu'il fait, 2009)


PRESSE

Le Nouvel Observateur, 10 décembre 2009
Le "coup de cœur" de Jérôme Garcin
Les pas du père
Dans son premier roman, Place Monge (2008), Jean-Yves Laurichesse faisait le portrait de son grand-père, jeune lieutenant tombé en mai 1918 à la tête de sa compagnie; de sa grand- mère, emportée à 32 ans par la tuberculose; et de leur fille, morte à 3 ans. Un fils réchappa de ce désastre familial. C'est le père de l'auteur, lequel s'emploie aujourd'hui à sauver de l'oubli l'unique survivant d'une tragédie ordinaire. Orphelin envoyé dans un internat à Tulle (Corrèze), il poursuivit ses études à Paris dans les années 1930, avant d'être fait prisonnier en Allemagne, au début de la Seconde Guerre mondiale. Jean-Yves Laurichesse, né à Guéret en 1956, dessine avec beaucoup de délicatesse le portrait de ce père modeste et appliqué qui ne connut jamais l'insouciance et trouva dans les livres la famille qu'il avait si tôt perdue. Il eut Alain pour professeur, envoya des lettres d'admiration à Gide, Valéry, Montherlant, aima follement la poésie, en écrivit, soignant ses alexandrins avec ferveur et ingénuité. Pendant sa captivité, il pria ses grands-parents de lui faire parvenir des grammaires et des dictionnaires. Car la langue française fut « le plus sûr rempart contre le renoncement » et il voulait « la maintenir intacte en lui, comme un honneur ». Le fils a hérité de cette passion et de cette exigence. Il y a ajouté la tendresse.
J.G

Olé ! magazine, décembre 2009
On avait beaucoup aimé ici, il y a un peu plus d’un an, mettre nos pas sur la Place Monge où nous invitait Laurichesse. Ce beau premier roman sur les derniers jours d’un poilu de la Grande Guerre avait toutes les qualités d’une œuvre littéraire forte. Rien que pour cela on n’hésitera pas à suivre aujourd’hui son auteur d’autant que l’on retrouve dès les premières pages le climat du livre précédent, cette belle attention aux êtres, la précision de son dévoilement des mystères intimes. Et pour cause, puisqu’en effet Jean-Yves Laurichesse poursuit en quelque sorte le récit précédent comme si sa proximité et son empathie lui forçaient la main, pour aller au bout de ce tunnel familial que peut causer une disparition, un destin brisé. Aussi l’implication de l’auteur narrateur est-elle plus prégnante, moins en surplomb que dans Place Monge. L’écriture, parfaitement maîtrisée, de Laurichesse trouve là matière à s’exercer avec brio, quelquefois presque trop. S’il y a un premier reproche à faire à ce livre, mais il est minime, il concernerait les pages de guerre, cette fois de la seconde, celle du fils de ce disparu de la Place Monge, qui font irrémédiablement penser aux “carnets” laissés sur cette période, et sur de semblables épisodes, par quelques grands noms de la littérature. Toutefois c’était là un exercice obligé en regard de la progression du récit. Plus gênant peut-être, le dévoilement final où le “narrateur” entre précisément en scène. L’auteur use d’une métaphore, les derniers feux de la Guerre de Troie, qui laissera le lecteur quelque peu perplexe, quand bien même cela lui vaut de belles pages. Ces regrets éventuels ne gâteront toutefois pas le plaisir de retrouver un auteur décidément important.
Daniel Bégard

Le Travailleur Catalan, 8 janvier 2010
A la rencontre du père
Avec « Les pas de l'ombre », Jean-Yves Laurichesse retrace, au travers de celui de son père, le destin d'une génération qui eut à souffrir de deux guerres.
Un deuxième roman dans la continuité du premier, Place Monge, d'un auteur qui garde des attaches avec notre ville. Roman ? C'est ce qui est indiqué sur la page de titre. Point de fiction pourtant, ici. Plutôt, au travers de lettres et autres souvenirs trouvés dans les tiroirs de la maison familiale, la mise au jour de la figure du père du narrateur durant ses années d'entrée dans l'âge d'homme. Le livre se présente ainsi comme une évocation empreinte d'émotion, d'amour filial. Ce héros, jamais nommé, évoqué à la troisième personne, nous l'avions quitté, orphelin, au sortir de la guerre de 14. Nous le retrouvons collégien, puis lycéen en province, entouré de l'affection inquiète de ses grands-parents, puis à Paris, découvrant, en même temps que les attraits de la ville, ceux de la littérature et de la poésie, s'ouvrant au monde, n'oubliant pas, lui qui vient d'une famille terriblement éprouvée par ce premier conflit, la fragilité des choses et des êtres. L'itinéraire classique d'un intellectuel humaniste dans l'entre-deux-guerres, en somme, mais qui, dès 1940, va se trouver confronté à un nouvel effondrement et connaître cinq longues années de captivité en Allemagne. Ce vécu, cette expérience dramatique, le fils n'en avait pas une connaissance directe - le père, apparemment, en parlait peu - mais les a reconstitués grâce aux écrits, aux photos, à la mémoire des lieux, avec ce récit qui chemine au rythme des pas du narrateur, parcourant les mêmes rues et places, longeant les mêmes immeubles pour retrouver l'image paternelle. Des phrases courtes, des images qui se succèdent comme autant de « flashes », et c'est tout un moment de vie qui est mis au jour. Le livre s'achève sur cet accomplissement, terme d'une démarche nécessaire, qui est aussi une douloureuse méditation sur le temps, sur les non-dits, sur la force des liens filiaux qui transcendent les mots et l'histoire. Dans l'épilogue, une évocation allégorique d'Enée fuyant Troie en flammes, portant son père Anchise sur le dos, donne au récit une dimension universelle.
N.G.

Le Temps, 6-7 mars 2010
Les Pas de l’ombre, source d’émerveillements
Jean-Noël Plantier de la Nouvelle Librairie Descombes à Genève à choisi « Les Pas de l’ombre » de Jean-Yves Laurichesse.
Voici une petite gourmandise, source d’émerveillements. Un texte hors du temps ou, peut-être, dans celui qui s’égrène – en laissant une trace indélébile. « Le passé peu à peu se réveille, reprend place dans le présent, et ils errent à deux dans ces années de sable sur lesquelles le temps a creusé les fines arborescences d’une mer qui se retire. » A partir de photographies, de poèmes, de lettres, un fils va imaginer ce que fut la jeunesse de son père plus enclin à la lecture qu’aux grands discours. Nous le retrouverons à différentes étapes de sa vie. Une enfance en province, une adolescence à Paris, où, sur les conseils d’un prof de philo influent, il eut pour maîtres Alain, Nabert, Lavelle « dont on voyait les livres à la vitrine des libraires ». Et puis la guerre, la privation de liberté dans un camp en Allemagne. Dans ce climat froid et austère, il conservera l’espoir en compagnie de ses lectures et de sa langue (comme rempart au renoncement). Jean-Yves Laurichesse nous livre d’une écriture parfaitement maîtrisée un texte délicat, sensible, poétique, et dresse le portrait d’un homme ordinaire, discret et modeste, féru de littérature, et nous fait partager son empathie pour les êtres.


CRITIQUE UNIVERSITAIRE

Entretien avec Karine Gros, colloque "L'habit d'emprunt", Médiathèque L'Astrolabe, Melun, 10 juin 2011


RADIO

Radio Occitania, émission "Page à page", 10 juin 2010
Entretien avec Claire Ambill


INTERNET

Babelio

Mes promenades culturelles