Les brisées (Le temps qu'il fait, 2013)

Les brisées 


PRESSE

Olé ! magazine, n° 541, 29 mai 2013
Il y a quelques années, nous découvrions ici l'étrange univers romanesque de Jean-Yves Laurichesse. Etrange parce que hors du temps et des modes littéraires. Son premier roman nous conduisait alors, et sous le signe de Claude Simon, sur une Place Monge parisienne pour y partager la douleur d'une veuve d'officier de la Grande Guerre. On se doutait que l'auteur n'en resterait pas là, et en effet il nous proposa de rejoindre en province Les pas de l'ombre, les douleurs de cette même famille, destins brisés ou égarés, toujours menacés par l'époque où ils s'inscrivent. Enfin viendra un Hiver en Arcadie où prévaudra, comme un art de la fuite devant l'absurdité des temps, la seule ligne de fuite possible, un destin où l'on se (re)construit en s'assumant comme étranger. Les brisées que propose aujourd'hui Jean-Yves Laurichesse peuvent donc se lire comme le récit des retours sur ces lieux décisifs, qui appellent à un fort désir de reconstitution ou de confrontation, de ce que l'on a fait ou rêvé de faire. Il y sera question "des chemins de l'enfance aussi invariables que ceux des chats" conduisant à ces relectures d'un passé familier et intime, et à d'autres retours plus profonds, plus indicibles encore. Moments où l'on voudrait croire aux vertus du temps. Mais ce temps-là, hélas, indifférent, immobile, et pourtant insatiable, aura "bu même le souvenir". Rien de cela pourtant ne sera inutile, et Jean-Yves Laurichesse nous livre alors au prétexte d'un échange avec un écrivain, repère et tuteur, ce qui est probablement la clef de ses quatre romans : "la découverte d'une simplicité nuancée d'ironie en même temps que le passage au récit". Dès lors l'auteur va clore à la fois ce qui, de fait, est le récit de sa longue initiation à l'acte d'écrire, et nous livrer les articulations de cette suite romanesque jusqu'alors sensibles au lecteur mais comme inavouées. Une fin subtile et brillante. Qu'écrira donc désormais Jean-Yves Laurichesse ? Peu importe, car nous avons déjà la certitude d'avoir rencontré un écrivain rare.
Daniel Bégard

Le Travailleur Catalan, 2 juin 2013
Les brisées de Jean-Yves Laurichesse, toujours la mémoire et l’écriture au cœur
En exergue, la définition du dictionnaire éclaire la suite : Brisée, n.f. Petite branche cassée qu’on laisse pendre aux arbres ou que l’on sème sur le chemin pour marquer la voie de la bête. Belle invitation au quatrième livre de l’auteur, professeur à l’Université de Toulouse-Mirail, après celle de Perpignan, toujours aux belles éditions du « Temps qu’il fait », petite dimension, superbe couverture, un noir et blanc de Michel Dieuzaide, des rais de soleil striant un fauteuil sur lequel un livre est posé, ouvert. En parfaite harmonie avec le climat du texte, une suite d’impressions, d’images, de sensations, à peine effleurées, simples allusions... ces « brisées » qui, peu à peu, reconstituent le passé, guident la mémoire. Au départ, avec la disparition du père, le narrateur éprouve le besoin de revoir les lieux de son enfance, d’où les instants de vie qui resurgissent, souvenirs d’enfance, mémoire des objets, des intérieurs, des paysages. Se dessine une enfance bourgeoise heureuse, entre jeux et travaux des champs, et les livres, indispensables compagnons. Peu à peu naîtra le désir d’écriture. Se plonger dans Les brisées, c’est comme contempler un tableau impressionniste, le livre se révèle par petites touches, emmené par le narrateur qui parle à la troisième personne, on est pris par la musique des mots, séduit par la prégnance des descriptions de ce qui est aussi bien un poème en prose. La nature y est très présente, exaltée, avec les livres, qui en marquent les étapes, elle structure le cheminement de la mémoire. En même temps, c’est l’aventure de l’écriture qui est ici dévoilée, passion douloureuse, torture et bonheur. Depuis le déclic qui a préludé à Place Monge, premier roman de Jean-Yves Laurichesse (la découverte des cahiers du grand-père disparu lors de la guerre de 14), l’écriture est devenue nécessaire, ce dernier livre en approfondit avec acuité le processus, avec des références à ses deux autres romans. Des citations de Marcel Proust, René Char et Paul Eluard donnent aussi quelques pistes. Avec ce quatrième livre, on a le sentiment qu’une boucle est bouclée, une tâche accomplie, et que l’auteur se prépare à explorer de nouveaux territoires. Nous aurons plaisir à l’y retrouver.
Nicole Gaspon

Le Nouvel Observateur, 13 juin 2013
Le "coup de cœur" de Jérôme Garcin
Retour à Guéret
Quarante ans après, un homme retourne à Guéret (Creuse), où il est né en 1956 et où il a grandi. Tout à changé, évidemment, et il ne reconnaît rien de sa ville, de sa maison, de son jardin où l’herbe a poussé et les arbres ont disparu. Alors, magie et privilège de la littérature, ce que le temps a emporté et défiguré, il le recompose patiemment dans son livre. Ici, il installe la cuisinière d’émail blanc avec son lourd cercle de fonte et, là, le radiateur à gaz infradiant. Il monte dans la 403 noire pour les vacances d’été, aide aux foins et aux regains, robinsonne dans une cabane, au milieu des pommiers. À l’adolescence, il écrit ses premiers poèmes, les envoie même à un grand écrivain, dont son père possédait les volumes, qui lui répond par une carte : « Exigez beaucoup de vous. Votre jeunesse n’a pas d’excuse. » C’est René Char. Et puis les années passent, il devient professeur, se consacre à Stendhal, Giono, Claude Simon, qu’il rencontre, et finit par s’accommoder de ne plus écrire que « dans les marges des grandes œuvres ». Jusqu’au jour où, la cinquantaine passée, il trouve enfin sa voix, si mélodieuse, et sa voie, celle du passé réinventé et de la filiation exaltée. Relire les très beaux « Place Monge » et « les Pas de l’ombre », dont « les Brisées », autobiographie à la troisième personne, est aujourd’hui le complément d’objet direct. Signes extérieurs de Laurichesse : un style et une émotion d’une même et rigoureuse délicatesse.
J. G.

Cahiers Robert Margerit, n° XVII, décembre 2013
Compte rendu de Marielle Sassi


CRITIQUE UNIVERSITAIRE

Nuit(s) et jour(s) dans deux romans de J.-Y. Laurichesse, par Mireille Bilger, Réflexion(s), Actes de la Journée d'études "La nuit" (22 novembre 2014), Université de Perpignan-Via Domitia, mai 2015

Patrick Marot, "Une poétique de la 'brisée' (Les Brisées de Jean-Yves Laurichesse)", Littératures, n° 89/2023, "Géographie sensible", sous la direction de Sylvie Vignes


RADIO

Radio Occitania, émission "Page à page", 21 février 2014
Entretien avec Claire Ambill


INTERNET

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